Les Açores sont encore loin

Planète Rouge II
Daniel CANTINEAU
Sat 16 Jun 2012 15:09
30:41.896 N
43:14.318 W
Samedi 16 Juin 2012 8h50 (HL)
Depuis 48 h nous n'avons plus de vent donc moteur
en continu et inquiétudes sur l'autonomie. Les calculs nous donnent 5 j de GO et
il nous reste 900 Nm soit 7 jours de nav. Il nous faudra du vent, or
nous avons commencé à pénétrer sous la bulle de l'anticyclone des
Açores, on a 1018 Hpa et l'isobare 1020 sur les cartes météo c'est pour
demain. Il nous reste à espérer très fort que l'anticyclone se décale
vers le sud, ce qui lui arrive souvent et que nous touchions un peu des vents
d'ouest générés par les dépressions lointaines du nord atlantique qui se
détachent comme des virgules des vents circumpolaires et s'autonomisent d'ouest
en est en tournant dans le sens antihoraire dans l'hémisphère nord, vous
savez, celle qui rentrent sur la Bretagne et la moitié nord de la France sitôt
que l'anticyclone leur ouvre la porte en descendant vers le sud. Ce qui
nous favorise est ce qui vous envoie du mauvais temps, mais la météo
c'est compliqué et aléatoire surtout quand on passe de la mer à la
terre.
Gros stress pendant mon quart hier soir, le
moteur qui toune depuis 30 heures faiblit, le régime baisse puis repart, pas d'à
coups mais des variations importantes. Hypothèses : eau dans le GO , impuretés
décollées par le gros roulis que subit le bateau sous l'effet de la houle
et alors que le niveau du réservoir tribord en service s'approche du
fond. Il m'a déjà fait le même coup ce réservoir et je sais qu'en passant
sur le réservoir babord plein à ras bord le problème sera résolu. Je le laisse
faire pendant une heure pour consommer le maximum de GO sur ce réservoir mais je
finis par renoncer de prur que la pompe à injection n'en souffre et la ce serait
une autre chanson. En attendant tout le GO restant dans le
tank tribord est précieux et demain il faudra le pomper et le filtrer, sale
opération en perspective.
On s'y attelle ce matin à 10h, je déménage ma
cabine, je démonte les planchers pour accéder au réservoir tribord. Surprise, il
n'y a pas de regard pour contrôler ou nettoyer le tank, il faudrait démonter les
tubes de prélèvement ou la jauge qui ne laissent qu'un orifice de 8 cm,
insuffisant pour controler l'état de saleté des fonds, désencrasser les crépines
de prélèvement s'il y a lieu et en tout cas pas de possibilité de passer le bras
pour nettoyer. J'estime que cette opération doit se faire au port ou à sec par
un professionnel car une fois démonté nous ne sommes pas surs de pouvoir refaire
une étanchéïté satisfaisante et donc fuites de GO c'est l'horreur odorante
absolue.
Je fais donc un super affreux bricolage à la
Mc Gyver, je démonte la pompe de gavage du groupe électrogène pour l'alimenter
de l'extérieur par la prise de phare 12v de cockpit, je branche dessus la
poire et le tube d'alimentation du moteur hors bord, deux rallonges de tuyau et
hop directement dans le super bidon de réserve sans bouchon dans la
soute arrière par entonnoir filtrant interposé. Et la pompe, malgré son faible
débit nous récupère 60 l en 3 heures. On va faire l'appoint dans le réservoir
babord pour pouvoir étalloner une seconde fois les consommations horaires
afin de prendre les décisions imposées par l'état de nos réserves. Si ça ne le
fait pas, il faudra se résoudre à faire voile avec 5-6 kt de vent et d'avancer à
2,5 kt (5 km/h) ce qui va nous faire prendre des jours de retard. Martine
nous attend à Horta le 23, Denis et Pierre ont planifié leur
arrivée à Malaga au plus tard le 2 juillet. Dur Dur d'être
marin.
A bientôt,
Daniel
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