Bloqués dans le Canal de Panama
HIBISCUS
Nathalie & Philippe
Tue 15 Jan 2013 16:55
Après avoir rempli les formalités pour passer le canal de Panama et payé cher, nous voici en route vers le Pacifique.
Un pilote du canal est avec nous et nous avons trois équipiers en plus (Philippe de Papou et Richard & Cynthia de Baloo).
Nous sommes maintenant Mardi 15 Janvier et nous sommes toujours au milieu du canal -Lac Gatun) avec un moteur cassé. Ci-dessous des extrait de mon "rapport de mer" pour l'assurance...<!--more--->
"Vendredi 11 Janvier vers 15h30, nous entrons dans la première écluse. Alors qu'elle commence à se remplir, l'alarme moteur de température haute se déclenche. Les remous dans l'écluse sont considérables et le bateau devant rester manœuvrant nous ne sommes pas autorisés à couper le moteur. L'indicateur de température est au maximum.
Vers 16h00, à l'ouverture des portes nous avançons au moteur dans la deuxième écluse. Notre Pilote contacte le capitaine et le pilote d'un Super Yacht qui est dans l'écluse avec nous. Ils nous autorisent à nous mettre à leur couple pour passer les deuxième et troisième écluses.
Nous nous mettons à couple et coupons le moteur au plus vite.
A la sortie de la troisième écluse nous devons nous dégager du Super Yacht et poursuivre par nos propres moyens sous peine de se voir imposé un remorquage à grands frais.
Durant le passage des deux dernières écluses, pensant qu'il s'agit d'un problème de pompe à eau de mer, mes deux équipiers démontent le pompe. Nos constatons que celle-ci est intacte (l'impeler et autres pièces d'usure avaient été remplacées au cours de l'entretien annuel une centaine d'heures moteur plus tôt).
Nous ne sommes pas autorisés à plonger dans le canal pour inspecter la prise d'eau de mer sous la coque.
Nous démontons la pompe de cale électrique pour l'utiliser afin de refroidir le moteur. Nous la connectons à la prise d'eau de mer sous l'évier de la cuisine (avec installation d'un filtre) et la sortie de pompe est raccordée sur la durite du moteur.
Pour sortir de la troisième écluse nous mettons le moteur en marche. L'eau de refroidissement sort bien par l'échappement. Le moteur tourne au ralenti et nous implorons notre pilote qui finalement nous autorise à monter une voile. Nous arrivons juste avant la tombée de la nuit au mouillage du Lac Gatun.
Dans la nuit nous préparons une deuxième pompe électrique au cas où la première ne tienne pas la distance.
Samedi 12 Janvier:
6h15 – Le Pilote monte à bord et nous donne l'ordre d'appareiller. Le moteur ne veut pas démarrer – nous insistons un peu mais le moteur ne démarre pas.
Le pilote informe les autorités du Canal que notre passage est annulé et appelle une navette pour venir le chercher.
Nous enlevons le cache avant du moteur pour constater que lorsque le démarreur tourne la courroie d’entraînement de l'arbre à came ne tourne pas. La courroie à perdu des dents.
La navette vient chercher le Pilote. J'embarque avec Richard sur la navette pour aller à terre acheter une courroie de remplacement. Nous revenons dans la journée avec une courroie neuve.
Mes équipiers remontent la courroie et au moment de « caler » le moteur ils se rendent compte que l'arbre à came ne tourne pas. Ils démontent l'arbre à came pour constater la casse de nombreuses pièces. Impossible de réparer sur place. Nous fermons les portes d'accès au moteur car nous ne pouvons plus rien faire de ce côté là.
Notre objectif est de trouver un moyen pour poursuivre la traversée jusqu'au Pacifique où il y a un agent Perkins qui pourra réparer le moteur.
Nombreuses conversations avec les Capitaines du Port et le centre des opérations du Canal afin de trouver un moyen de sortir de là. Tous sont d'accord sur le fait qu'il faut trouver une solution, autre que le remorquage par les services du Canal – son coût étant prohibitif (on m'a annoncé un coût de l'ordre de 1700 dollars de l'heure et il faudrait compter une dizaine d'heures!!!).
Samedi soir les autorités du Canal m'autorisent à poursuivre la traversée à couple (ou en remorque) d'un autre voilier à condition que nous soyons assurés d'avancer à un minimum de 4 nœuds. Nous en discutons avec un voilier qui arrive dans la soirée (« Philou »). Le capitaine est d'accord pour nous remorquer. Nous appelons les autorités du canal qui parlent longuement avec le capitaine de « Philou » pour s'assurer que nous tiendrons les 4 nœuds et qu'il comprenne les risques si ce n'est pas le cas. Nous avons l'accord des autorités du Canal.
Dans la nuit nous préparons les bateaux en les mettant à couple. Nous installons une chaise de fortune à l'arrière d' « Hibiscus » afin d'y installer le moteur hors-bord de 10 chevaux. Nous sommes prêts.
Les autorités de canal nous appellent pour nous interdire tout mouvement tant qu'ils n'ont pas l'accord de leur service financier. Celui-ci ne sera ouvert que Lundi...
Dimanche 13 Janvier :
Tous mes équipiers temporaires embarquent sur « Philou » afin de retourner à terre sans frais de navette.
Je reste seul sur le bateau avec mon épouse.
Je ne pense pas pouvoir m'en sortir sans assistance extérieure et j'envoie un message à M Thomas de Campou (mon agent d'assurance) pour l'avertir de la situation. Il réagit aussitôt et enclenche la procédure de traitement de sinistre."
Un expert dépêché par l'assurance étudie le moyen le moins onéreux de nous faire sortir de là.
La suite dès que nous avons des nouvelles....